Les expéditions dans le Sud




taghit





Qui est jamais allé en Afrique du Nord et y a séjourné un certain temps sans ressentir un jour l’appel du sud ? En quelques années nous avons découvert l’essentiel de l’oranais et nous avons même effectué quelques voyages à Alger mais nous étions restés sur notre faim, à la recherche de ce mirage que nous avaient fait miroiter ces militaires qui nous avaient libérés en 1945: le désert, les chameaux, les dunes....
Alors il ne faut pas s’étonner qu’en 1951, au bout de 5 ans, nous ayons monté notre première expédition vers le sud: direction Colomb Béchar ! Nous n’osions pas partir seuls et nous nous sommes organisés avec 2 autres familles amies des VAN pour organiser la randonnée. A cette époque, hormis les Jeeps rescapées du débarquement américain de 42 il n’y avait pas de 4x4 aussi c’est sans complexes que nous sommes partis en profitant des vacances scolaires de Pâques avec 3 traction avant Citroën dont une 15/6 toute neuve.
Nous sommes partis par Tlemcen puis Oujda par les routes nationales goudronnées comme pour une simple promenade du dimanche. C’est seulement là que ça c’est corsé avec l’apparition de la piste et quelle piste! Beaucoup de tôle ondulée sur laquelle il fallait rouler à 80 km à l’heure pour ne pas trop sentir les vibrations (Souvenez vous du fameux film: Le salaire de la peur avec Charles Vanel, je vous jure qu’il n’y a rien d’exagéré !) Le propriétaire de la 15/6 toute neuve, commençait à déchanter un peu, mais ce n’était que le commencement. Nous avons trouvé brutalement de l’animation sur la piste: un point d’eau, c’est à dire une énorme citerne métallique, probablement approvisionnée en partie par l’armée et en partie par un puits, autour de laquelle s’agglutinaient une dizaine de nomades avec des bourricots et deux ou trois dromadaires. Après les photos d’usage c’est la 15 Cv qui est repartie en tête, par pour longtemps car au bout de 200 m elle s’est enfoncée dans le sable jusqu’aux essieux. Heureusement les 2 autres tractions n’ont pas mis longtemps avec des cordes pour la sortir de ce mauvais pas mais il semblait bien n’y avoir plus de piste !...
Retour en arrière jusqu’au point d’eau et nous interrogeons un jeune d’une dizaine d’année qui nous répond, hilare: « tu sais pas lire ? » en montrant du doigt une sorte de pancarte complètement désarticulée, tournoyant comme une girouette autour d’un poteau de bois.

ghardaia

En cherchant bien, il y a effectivement une flèche indiquant la direction de Béchar, mais dans quelle direction. Le gamin finit par nous avouer qu’il fallait devant le poteau faire un à gauche de 90° pour trouver la piste...
Une heure plus tard, nous sommes intrigués par un nuage de poussière parallèle à nous en direction du sud ouest, semblant se rapprocher. Nous sommes quelque peu inquiets jusqu’à ce que nous apercevions dans le Dodge qui s’est précisé, des tenues qui ressemblent à des uniformes français. Il s’agit de douaniers qui nous prennent pour des contrebandiers.



Nous avons parait-il pénétré déjà à plusieurs reprises en territoire marocain ! Que faisons nous en ce lieu ? Evidemment nous avons loupé une bifurcation quelque part et nous sommes sur une très ancienne piste totalement inutilisée depuis en particulier l’accident d’avion du Général Leclerc, (il ne sera nommé maréchal à titre posthume que l’année suivante 1952); une piste toute neuve et très bien jalonnée passe au pied du monument élevé à sa mémoire. Après avoir prouvé notre bonne foi nous sommes autorisés à repartir avec quelques explications pour ne pas trop nous perdre. Nous arriverons à Colomb Béchar à la nuit tombée par un magnifique clair de lune. C’est le « Grand Hôtel Transatlantique » qui nous accueille pour notre première nuit dans le bled. Le confort est spartiate, mais il y a quand même l’eau courante, du moins à certaines heures et relativement chaude grâce à des serpentins qui courent en terrasse sous des vitres et alimentent l’accumulateur
Le lendemain nous devons descendre à Taghit, le point de départ du grand erg: c’est tout de même pour cela que nous sommes venus. A quelques km au sud de Béchar, une barrière coupe la piste; c’est assez symbolique puisque la piste pourrait aussi bien passer 20 m à droite ou 20 m à gauche cela ne ferait pas de différence, mais il y a ici un petit poste militaire où nous sommes soumis à un mini interrogatoire. Où allons nous ? quand pensons nous arriver ? avons nous des provisions de nourriture, d’eau, pour combien de jours ?
Nous sommes avertis que si nous n’étions pas arrivés à destination au bout de 5 jours, des recherches seraient entreprises. Tout cela est rassurant pour nous qui n’avons guère que 200 km à faire pour rejoindre notre but.

Oasis de Tiout par: Philippe Thouvenot


oasis de tiout

Au bout d’un moment nous rencontrons notre première dune. Elle barre la piste. Prudemment nous commençons à en faire le tour en laissant une bonne distance entre les véhicules en cas d’enlisement mais nous faisons un premier tour complet sans avoir vu la suite de la piste. Au second tour, un peu plus attentifs, nous retrouvons le bon chemin. Sur cette partie du territoire nous retrouvons la tôle ondulée et nous reprenons la vitesse de croisière de 80 km/h en oubliant quelque peu les codes de la signalisation routière. Une pierre blanche tous les 2 ou 300 mètres indique la direction et lorsqu’il y a trois pierres superposées, il faut freiner car cela indique le franchissement d’un oued à gué. Si nous n’avions pas eu de problème jusqu’ici, car ces oueds étaient visibles d’assez loin, nous sommes surpris une fois par une descente brutale dans le lit de l’oued que rien ne laissait entrevoir hormis le fameux tas de pierres. L’impact est si brutal que nous y laissons une partie du pare choc avant de la traction qui pourtant était réputée pour avoir une suspension plutôt raide.
Après avoir rencontré quelques troupeaux de dromadaires et fait la causette devant un thé à la menthe sous une tente de nomade nous arrivons à proximité de Taghit et découvrons un croisement de piste qui nous laisse rêveur. Une sorte de monument en pierres cimentées a été érigé sur 70 cm de hauteur et indique nettement la séparation de la piste en deux branches. Je vois encore aujourd’hui l’inscription sur la branche de droite: « Piste Impériale du Hoggar » et en dessous cette indication « Tombouctou 3.xxx Km » Pardonnez moi d’avoir oublié les chiffres exacts. Une flèche dans l’autre sens, et ce n’est pas une blague donnait la direction de PARIS avec également la distance. Nous, qui croyions avoir accompli un petit exploit en arrivant jusque là, nous nous sommes sentis tout petits !
A Taghit, nous avons enfin découvert le grand erg, cette immense dune de sable qui commence brusquement et qui s’étend à perte de vue vers le sud. C’est impressionnant.
Je ne vous raconterai pas le voyage de retour, il n’offre plus beaucoup d’intérêt. Je pense que c’est comme si l’on demandait au vainqueur du Dakar de raconter son retour (qu’il a d’ailleurs probablement fait en avion)


Sans entrer dans les détails , je vous dirai que nous avions pris goût à ce genre d’expédition et deux ans plus tard en 1953 nous avons renouvelé l’expérience avec les mêmes équipages en direction du sud algérois cette fois: Bou Saada, Laghouat, Ghardaïa. Nous avons découvert le Mzab et ses minarets typiques. Quelle belle aventure encore, avec une matinée à dos de dromadaire pour apprendre ce que c’est et la découverte de vraies oasis, et celles de puits disséminés le long de la piste mais inaccessibles aux explorateurs en herbe
que nous étions car nous ne nous étions pas munis de seau ni de corde et les indications étaient très claire: eau profondeur 4 à 5 m minimum et pour certains points plus d’une dizaine de mètres. Nous avons vu l’irrigation des cultures des oasis grâce au travail des dromadaires ou des ânes qui tournent en rond pour faire tourner une noria ou font des aller_retour sans arrêt pour remonter une outre avec une manche, qui se déverser dans une canalisation en arrivant au niveau du sol. Toutes ces découvertes vous font prendre plaine conscience des bienfaits de la civilisation!...
Et puis en 1954 nous avons fait une expédition au Maroc, c’était un autre type d’aventure car il y avait des routes goudronnées, sauf peut-être les derniers km vers Marrakech, mais quel pays magnifique, riche d’histoire et de monuments ou de sites merveilleux telles les villes impériales.
A défaut d’avoir pu retourner à Oran, je suis déjà reparti 3 fois au Maroc et ma dernière expédition a comporté un périple de 3 jours en 4x4 à partir de Ouarzazat, histoire de retrouver les sensations d’il y a 40 ans. Je n’ai pas été déçu et j’ai pu transmettre à mon épouse mon amour de l’Afrique du Nord.

Bien sûr nous avions envisagé de continuer nos expéditions en allant plus à l’est pour découvrir le constantinois et même poursuivre jusqu’en Tunisie pour faire peut-être un voyage de retour en Métropole en passant par l’Italie. Malheureusement après 54 la région du constantinois n’était plus tellement fréquentable par les touristes....

Photos Sud Oranais


























la "pacification" du Sud-oranais


Cet officier de haute valeur [le général Lyautey], déjà connu pour sa collaboration active avec le général Galliéni à Madagascar et au Tonkin, par ses brillantes qualités d’écrivain et, à l’occasion de diplomate, fut envoyé dans le Sud oranais, en 1903, après les très nombreux incidents, attaques et pillages qui marquèrent les débuts de notre pénétration dans ces régions. Parmi ces incidents, il faut surtout citer l’attentat de Zenagha, près de Figuig, dans lequel le Gouverneur général avait failli disparaître, les combats d’Hassi Resel et de Noukhila et le glorieux siège de Taghit.
Le général Lyautey investi, dans le territoire militaire d’Aïn-Sefra, de toute nouvelle création, de pouvoirs très étendus, se mit aussitôt au travail.
Action politique d’abord, dans laquelle il excellait.
En quelques mois, il avait mis la main sur les tribus Oulad Djerir et Doui Ménia qui avaient constitué jusque-là nos principaux ennemis, malgré nos conventions précédentes de 1870.
Tâche d’organisation et d’équipement des arrières ensuite. Pour protéger les régions nouvellement occupées du Guir, de la Zousfana et de la Saoura, contre les périls venus de l’Ouest, il créa une série de postes, dont Colomb-Béchar fut le plus important, qui formant façade extensible vis-à-vis de la dissidence, au delà des objectifs à couvrir, constitua contre leurs agressions une barrière et une base de départ intéressantes pour les contre-attaques.
Enfin, il sut obtenir, grâce au grand ascendant moral qui, dès ce moment, se dégageait de sa personne, les forces qui lui étaient nécessaires et créa des organismes appropriés à la nouvelle guerre qui lui était imposée : Compagnies de légion et d’infanterie montée, maghzens arabes très solides

dernier séjour d'Isabelle Eberhardt



Sud Oranais est le journal de route du dernier séjour d'Isabelle Eberhardt dans cette région troublée du Sahara algérien, où des tribus rebelles résistent encore à l'avancée coloniale, au début du XXe siècle. L'auteur emmène son lecteur des deux côtés d'une frontière indécise avec le Maroc, dans les camps bédouins, dans les cafés maures fréquentés par les légionnaires... et lui dévoile, de l'intérieur, la vie d'une petite cité théocratique.
Le manuscrit de ce dernier texte d'Isabelle Eberhardt a été retrouvé après plusieurs jours de fouille dans la boue de l'inondation d'Aïn Sefra, où l'auteur a péri le 21 octobre 1904

Gravures rupestres du Sud-oranais


Les gravures rupestres du Sud-oranais sont des gravures préhistoriques d'âge néolithique situées au Sud d'Oran (Algérie), au long de l'Atlas saharien, dans les régions, d'ouest en est, de Figuig, d'Ain Sefra, d'El-Bayadh d'Aflou et de Tiaret. Des gravures comparables ont été décrites, plus à l'est encore, autour de Djelfa et dans le constantinois. Alors que dans le passé certains auteurs ont pu affirmer que ces gravures avaient leur origine dans l'art paléolithique d'Europe, cette théorie est aujourd'hui définitivement condamnée.
Localisation
De nombreux pitons hérissent la lourde masse de l'Atlas saharien. Les séries gréseuses dégagées et modelées par l'érosion ont éclaté parfois en énormes blocs qui ont basculé lorsque les couches sous-jacentes ont été sapées. Ainsi se sont formés les chaos rocheux sur lesquels se rencontrent souvent les gravures. Les grands rochers isolés, les falaises ou les parois d'abris peu profonds en sont également les lieux privilégiés.

Les gravures du Sud-oranais ne figurent donc pas dans des lieux retirés mais « s'épanouit à découvert »[1], dans les voies de passage naturelles, près de sources ou d'anciens points d'eau.

Leur position souvent assez haute sur les parois des blocs ou sur les falaises rend probable la mise en place et l'utilisation d'échafaudages pour leur réalisation.

Historique
Moins célèbres que les figurations du Tassili les gravures du Sud-oranais font cependant l'objet d'études dès 1863. Les travaux les plus importants sont notamment dus à A. Pomel (de 1893 à 1898), Stéphane Gsell (de 1901 à 1927), G. B. M. Flamand (de 1892 à 1921), L. Frobenius et Hugo Obermaier (en 1925), l'Abbé Henri Breuil (de 1931 à 1957), L. Joleaud (de 1918 à 1938), R. Vaufrey (de 1935 à 1955).

En 1955 et 1964 Henri Lhote effectue des séjours de plusieurs mois dans la région qui lui permettent de compléter les recherches précédentes, d'ajouter des centaines de descriptions nouvelles et de publier en 1970 Les gravures rupestres du Sud-oranais dans la série des « Mémoires du Centre de recherches anthropologiques préhistoriques et ethnographiques » (CRAPE) dirigé à Alger par Mouloud Mammeri (Arts et Métiers graphiques, Paris, 210 pages et reproductions photographiques), une part notable de l'ouvrage se trouvant plus particulièrement consacrée aux gravures de la région d'El-Bayadh. Pour Henri Lhote la région du Sud-oranais constitue l'un des « trois grands centres d'art d'époque bubaline »[2] avec le Tassili (« Oued Djèrat ») et le Fezzan

Datation
Dans cet ouvrage Lhote rapporte qu'un foyer se trouvant à la « Station du Méandre », près de Brézina, a été daté de 3900 av. J. C., sans que ce chiffre puisse « être rapporté à une catégorie déterminée des gravures qui ornent les parois de la station »[3]. Les plus anciennes de ces gravures, par ailleurs, présentent de nombreuses affinités avec celles du Tassili pour lesquelles il propose le chiffre minimum de vers – 5000. Il y donc a lieu, selon lui, de l'« adopter aussi pour le Sud-oranais jusqu'à meilleure information
wikipedia.
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LE SUD ORANAIS

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De Mascara au Sud Oranais, par Saïda, le Kreider et le Chott Chergui. C'est une région de silence mélancolique et d'apparente désolation, mais non sans grandeur et sans coloration. Nous sommes là dans le pays de l'alfa exploité jadis par les alfatiers espagnols. Pays rendu tristement célèbre par la révolte de Bou-Hamama et de ses partisans.
Aïn-Sefra à 492 kilomètres d'Otan, - Nous voici dans une contrée où naissent des sensations nouvelles.
Quand on l'a vue une fois, on ne l'oublie jamais. C'est la magnificence d'un sable d'or rouge, tapis rutilant et mouvant, sur lequel s'étend la fameuse dune d'Aïn-Sefra longue d'une vingtaine de kilomètres. Dans la journée et par les nuits claires, paysage fantastique que domine la masse du Djebel Mekter à 1.500 m, d'altitude sur le sommet duquel est installé le poste de télégraphie optique, Autrefois, parmi les arbustes de petite futaie et. quelques grands arbres, assez rares, j'y ai vu des troupeaux de mouflons.
Ce que l'on doit aussi visiter, à cause de sa couleur locale, c'est l'oasis de Tiout à 16 kilomètres. Entre Aïn-Sefra et Tiout, on chevauche toujours sur le sable rouge sur lequel, gracieusement, sautillent des alouettes huppées et des théories de gerboises, Dans l'oasis de Tiout, occupée par des sédentaires, des enrochements comme un barrage naturel, retiennent les eaux de la rivière. C'est une pièce d'eau au centre de la palmeraie où voltigent des oiseaux au brillant plumage. Involontairement, on cherche le seigneur fastueux qui s'est préparé et réservé de pareilles joies, Le grand seigneur n'existe pas ou n'a jamais existé que dans les contes des Mille et une Nuits, Car ceci est vieux, très vieux, s'il faut en juger par la " M'Ktouba", j'entends par la pierre écrite, gravée.
Le pays était-il couvert par des forêts et habité par des animaux de race africaine ? C'est à présumer. Les gravures rupestres de Tiout sont connues depuis 1847. Des dessins curieux tracés dans le grès occupent une paroi verticale de 75 mètres de long sur 20 mètres de haut

Ils représentent des personnages dont quelques-uns portent des couronnes de plumes et des pagnes. Les animaux sont nombreux. ce sont des lions, des éléphants, des antilopes, des gazelles, des chiens, etc...Bien que la chronologie des gravures rupestres de l'Algérie que l'on retrouve dans d'autres régions soit très incertaine, on peut leur attribuer une origine libyenne ou égyptienne remontant il plusieurs siècles avant notre ère




.(Stéphane Gsell)